J'ai assisté à la conférence de lancement de la Chaire "Social Business" d'HEC au théâtre Marigny vendredi dernier .
Parmi les personnalités invitées notamment : Martin Hirsch, Franck Riboud PDG de Danone et de Danone Communities et Muhamad Yunus Prix Nobel de la Paix, qualité soulignée par Martin Hirsch (co-président de la Chaire) par ces mots "le Prix Nobel de l'Economie est le seul prix que l'on peut recevoir même en s'étant tromper toute sa vie.."
Le sujet de la conférence était "Crise financière et pauvreté : vers un nouveau capitalisme ?". Martin Hirch très en forme, s'est publiquement interrogé sur l'opportunité d'une telle chaire. "social business" une cosmétique de "charity business" avec surtout du business et des postures contradictoire ou une vraie opportunité d'agir autrement? Je résume : "Pourquoi faire apprendre les règles d'une économie ultra-libérale, avec ses rsiques de dérives (très spéculative) d'une part dont les acteurs une fois à la retraite passent leur temps à tenter d'atténuer leurs actes passés via le bénévolat et le charity business" et lancer d'autre part "une chaire social business ? " [ndlr : réduite il est vrai à "entreprise et pauvreté" et non à "économie et développement durable"].
Muhammad Yunus a tenté d'expliquer avec patience que la teneur du "social business" ce n'est pas le modèle du profit et de la spéculation, le but n'est pas de verser des dividendes mais la création de circuits économiques équilibrés aux bénéfices de co-acteurs et consommateurs pour les sortir de la pauvreté. Pas d'aménager celle-ci pour fournir des pauvres un peu solvables, enferrés dans les revenus de substitution et des très bas salaires...
Les deux fortes personnalités dénoncent la myopie des "dominants, la création de richesse est favorisée aux "déjà possédants" : niches fiscales, le crédit, loyers ". Les mécanisme de corrections sont au-delà des politiques de redistribution, donner un accès avec de nouvelles grilles de business models adaptés.
Au banquier (Crédit agricole?) présent qui annonce rechercher des pistes du côté des coopératives, de la Grameen "pour refaire fonctionner la machine " on songe à un retour aux fondamentaux de ladite banque s'inspirant du Crédit Coopératif ??
Mais pourquoi passer par des fondations luxembourgeoise(?) et non une entreprise bancaire classique pour abriter les fonds ? Il semblerait que la réponse soit due à une insuffisance du Législateur. Celui-ci serait-il - enfin - prêt pour accueillir les zopa, et des fonds ISR émis et gérés directement par une entreprise bancaire domiciliée en France et éviter la contorsion d'un montage juridico-financier ? Ce que Muhammad Yunus résume par la métaphore : "le cadre actuel bancaire est adapté pour les supertankers, or le micro-crédit est un petit canot à rames".
Autre dénonciation : l'assistanat des revenus de substitution ont un effet négatifs sur la possible sortie de la pauvreté "get out of welfare!". Il est nécessaire d'aider à sortir des revenus "paralysant" pour soutenir les actions positives économiques des personnes pauvres et donc favoriser l'accès à de meilleurs revenus mais aussi aux moyens de répondre aux besoins fondamentaux avec des revenus transitoires d'activité si nécessaire.
La voie du succès ? Seulement si les entreprises modifient profondément leur état d'esprit. Pas de "charity cosmetic" possible, des convictions oui.
Une question que mon voisin Monsieur B. n'a pu poser et me prie de publier, dont acte :
"Je voudrais savoir, pourquoi la chaire "Social Business" a été traduite par "Entreprise et pauvreté" au lieu de commerce social et au regard du nombre de fois où le mot social a été utilisé par MM. Yunus et Hirch - dont je vois ce soir le plaisir d'être l'homme le plus à gauche, je parle bien sur de la position sur la banquette - l'intitulé de la soirée ne devrait-il pas être "crise financière et pauvreté vers un nouveau socialisme?"
Benjamin je te transférais les réponses. Je crée des alertes google pour suivre l'initiative (rentrée 2009) . Merci à Olivier pour l'invitation :)
Les commentaires récents